Les recherches avancent, les moyens de détection se perfectionnent. On sait aujourd'hui que l'on trouve des traces de résidus de médicaments dans l'environnement et dans les eaux de distribution. La préservation de la qualité de l'eau est primordiale, autant pour des raisons sanitaires et environnementales, que sur les plans stratégique et financier : l'eau est notre patrimoine commun ! Ainsi, de nombreux acteurs dans le monde mettent en œuvre des moyens, aux niveaux législatif et scientifique, pour limiter la diffusion de ces substances dans l’eau.
La presse s’empare du sujet et de plus en plus de personnes, citoyens, élus, professionnels de l’environnement et de la santé, prennent conscience de ces enjeux et s'en inquiètent, sans forcément savoir de quoi il s’agit exactement. Le lien entre la présence de résidus médicamenteux dans l’eau et les effets pour la santé humaine n'est pas clairement établi ; on parle ainsi de « risques émergents », avec des questions posées autour du principe de précaution et de l’acceptabilité de ces risques.
L'assainissement peut apporter des réponses techniques pour traiter ces micropolluants, mais ces solutions ont un coût, elles ne peuvent pas tout résoudre et le risque n'est pas mesuré à ce jour. Ainsi, la réglementation française n’impose pas de traiter les eaux usées pour diminuer la quantité de résidus de médicaments dans l’eau. Les pouvoirs publics encouragent et soutiennent les actions de recherche et expérimentation portant sur des voies complémentaires, notamment les stratégies de réduction à la source.
D’où l’importance aujourd’hui de fournir une information didactique favorisant l’appropriation de connaissances sur un sujet complexe, dans le but d’alimenter le débat public.
Ce projet a abouti à la production de plusieurs ressources documentaires autour de la question des médicaments dans l'eau : -Les kits pédagogiques MédiATeS, qui sont au cœur de ce site internet -La cartographie des porteurs de messages autour de la problématique des résidus de médicaments dans l’eau -Une note de synthèse sur le rapport entre l'homme et le médicament dans l'environnement -Un état des lieux sur l’Hospitalisation à Domicile -Une note sur les démarches de sensibilisation sur des sujets touchant à la santé et/ou à l'environnement Plus largement, le projet s'inscrit dans la production de connaissances en appui sur l'observatoire SIPIBEL. Enfin, le Graie tient à jour un portail sur les publications sur le portail Eau & Santé. |
La démarche MédiATeS fait suite à une série de recherches et d’études, menées dès 2010, sur un territoire à enjeux, le site pilote de Bellecombe, SIPIBEL. Gestionnaires de l'eau et scientifiques se sont mobilisés afin de comparer les effluents urbains et hospitaliers : composition, traitabilité en station d'épuration et impacts. En 2012, le territoire d'étude a été étendu au bassin aval de la rivière Arve, dans le cadre du projet Interreg franco-suisse IRMISE : une étude stratégique a été menée sur les perceptions, les enjeux et les politiques publiques en matière de réduction des apports de micropolluants, notamment issus des pratiques de soin.
L’étude stratégique du projet IRMISE a permis de poser et de conforter des éléments de diagnostic commun sur la question des résidus de médicaments dans l’eau. Elle a également fait émerger :
Le projet MediATeS s'inscrit dans le prolongement du projet IRMISE, avec un objectif : conserver et renforcer la dynamique mise en place en répondant, de manière concrète, aux besoins d'information et de sensibilisation plus large des acteurs du territoire.
Dans la continuité du projet IRMISE, la démarche MediATeS a fait l’objet d’un travail collaboratif rassemblant des professionnels de la santé, des professionnels de l’eau, des élus et des habitants du territoire. L’ensemble des messages ainsi construits a été testé, dans un premier temps, auprès d’un panel, afin de faciliter leur appropriation : 8 pharmaciens du territoire, 7 infirmiers, 5 médecins, 7 techniciens de l’eau et 3 élus.
L’étude stratégique IRMISE a mis en évidence une dizaine de leviers pour faire évoluer les connaissances, leur partage, et les pratiques autour de ce sujet :
Parmi ces leviers, certains peuvent être activés à court terme par les acteurs locaux (médecins, pharmaciens, infirmiers, élus et collectivités, ARS, organismes de formation de type IFSI, etc.) déjà mobilisés sur les démarches antérieures, et qui ont souhaité poursuivre la réflexion commune.
C’est la raison pour laquelle le groupe de travail s’est focalisé sur les leviers :
La diffusion de messages de sensibilisation sur un sujet à enjeu repose sur des éléments de diagnostic partagés entre les acteurs de l’eau et de la santé, sur la présence des micropolluants dans l’eau et les traitements existants. Ces éléments de diagnostics partagés sont les suivants :
1. Des résidus de médicaments se retrouvent dans le cycle de l’eau.
2. La consommation de médicaments reste élevée en France.
3. Pour un même effet thérapeutique, il existe parfois des molécules mieux absorbées ou moins polluantes.
4. Des chercheurs questionnent la « juste dose » (meilleur rapport dose prescrite / efficacité thérapeutique) et l’industrie pharmaceutique communique peu sur ces questions, à ce jour.
5. Les effets « perturbateurs » sont avérés sur la faune et la flore.
6. La contamination des milieux par les antibiotiques et gènes de résistance contribue au phénomène global d’antibiorésistance, dont l’impact sur la santé publique est aujourd’hui préoccupant.
7. De nombreux programmes de recherche en France, en Europe et dans le monde s’intéressent aux liens de causalité entre molécules, milieux, impacts et risques.
8. Certains de ces résidus figurent dans la liste de vigilance de la Directive Cadre sur l’Eau (1 anti-inflammatoire, 2 hormones et des antibiotiques).
9.En station d'épuration (STEP), les flux de résidus de médicaments proviennent majoritairement des réseaux urbains.
10. Les filières traditionnelles, même avec un fonctionnement optimal, ne peuvent pas tout traiter.
11. On peut traiter les micropolluants en station d’épuration par adsorption sur charbon actif et/ou ozonation, mais à des coûts environnementaux (production de déchets et consommation d’énergie) et financiers élevés.
12. Le sujet du prix de l’eau peut être sensible chez les élus.
Pilotage : Le projet est piloté par le Graie (Elodie BRELOT) en partenariat avec le groupement d'étude Claire TILLON (experte cycle de l'eau), Sandra DECELLE (consultante en prévention des risques) et Myriam POITAU (consultante en éco-responsabilité et communication).
Rédaction des messages et conception des outils
GRAIE et Equipe Claire Tillon Consulting
SM3A - Syndicat Mixte d'aménagement de l'Arve et de ses Affluents
Syndicat des Eaux des Rocailles et de Bellecombe
Syndicat des pharmaciens d'officines,
Ordre des infirmiers,
CHAL - Centre Hospitalier Alpes Léman,
ARS - Agence Régionale de Santé, Délégation 74,
Département de la Haute-Savoie,
CIPEL – Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman,
Etat de Genève.
Ont contribué aux travaux et à l'élaboration des kits MédiATeS : Dominique REIGNIER, ARS Direction territoriale 74 - Docteur BIECHLER et Pascal DI MAJO, Centre Hospitalier Alpes Léman (CHAL) - Denis TESTE, Conseil départemental de l'Ordre des Infirmiers de Savoie et Haute-Savoie - Nathalie LAPUJADE, Fédération des Pharmaciens d'Officine (FSPF 74) - Isabelle CHATILIEZ, Annemasse Les Voirons Agglomération - Audrey KLEIN, CIPEL - Jérôme TOCCANIER, Communauté de Communes du Genevois - Fabienne GROSJEAN, Département de Haute-Savoie - Nadir KHEYAR, Pascale NIREL et François PASQUINI, Etat de Genève - Claire BRIVET, Robert BURGNIARD, Charlène CARDOSO et Robert DECHAMBOUX, SM3A - Jean-François CICLET et Luc PATOIS, Syndicat des Eaux des Rocailles et de Bellecombe - Céline LAGARRIGUE, Agence de l'Eau RMC - Anne-Claire MAURICE, EHESP-INSA Lyon - Karine FOREST, Région Auvergne-Rhône-Alpes - Philippe CARENCO, Centre Hospitalier de Hyères, EMH Var Ouest - Marie-Cécile PLOY, Laboratoire de Bactériologie-Virologie-Hygiène, CHU Limoges - Christophe DAGOT, INSERM 1, Université de Limoges
Financeurs et partenaires : Le projet, développé en appui sur Sipibel, est financé par le Ministère en charge de la Santé (DGS), l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes (dans le cadre du PRSE), le Département de la Haute-Savoie, la Région Auvergne-Rhône-Alpes.Il s'inscrit également dans le projet Rilact, soutenu dans le cadre de l’appel à projets national "Innovation et changements de pratiques : micropolluants des eaux urbaines" lancé par l'Onema, les Agences de l'Eau et le Ministère en charge de l'écologie, financé par l'Agence Française de la Biodiversité et l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse.